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Comprendre un peu les victimes d’abus

J’aimerais vous faire comprendre ou encore mieux vous faire entrer dans le monde des victimes, car effectivement il s’agit d’un monde. Pour une victime il y aura toujours un avant et un après. Ce qu’il adviendra après l’abus ne pourra jamais plus être comme l’avant. On ne peut reconstruire à l’identique ni même dans la continuité.

Il y a eu à l’hiver 2020 un film sur TV5 retransmis sur LCP qui traitait des abus sexuels sur religieuses. Beaucoup de femmes en regardant le film ont dit : mais moi je ne me serais jamais laissé faire.

D’où le premier point que je vais traiter : les personnes abusées sont-elles particulièrement gourdes ou naïves ?
La deuxième réflexion que j’entends souvent : pourquoi s’arrêter à des petites erreurs de comportement ? Je vais traiter de tous les abus. Il arrive à tout le monde d’être injuste, humiliant voire de mettre une main aux fesses ou de faire des papouilles. A priori ça ne fait pas mal. Ce n’est pas comme un bras cassé et cela n’a rien à voir avec les camps de concentration.

D’où mon deuxième point : pourquoi faire tout un plat de ce qui peut paraître insignifiant ?

Une autre remarque que j’entends est : si à la place de remuer toutes ces poubelles on pensait à pardonner on éviterait bien tout ce remue-ménage nauséabond. 
D’où mon troisième chapitre : le pardon a-t-il sa place ?

Dernière réflexion : tout le monde a ses malheurs alors pourquoi faire si grand cas de ces victimes. Franchement tout ça, ça commence à nous saouler.

D’où mon dernier point : comment accueillir la parole et le vécu des victimes ?

I. Mon premier point : les personnes abusées seraient-elle particulièrement gourdes ou naïves ?

Et bien je réponds non, formellement non. Pour les abus psychologiques et spirituels ce sont même souvent des personnes intelligentes, plus que la moyenne. En tout cas, la caractéristique pour tous les abus, c’est que les victimes avant de devenir victimes sont des personnes qui ont un idéal élevé, non pas une naïveté mais une belle innocence (celle de l’enfant) et sont capables de faire confiance.
En somme de très belles personnes. Ce sont les mêmes qui bien guidées vont devenir des personnes d’une qualité exceptionnelle, et qui abusées et non aidées vont devenir des zombies, en tout cas vont sombrer dans une souffrance infernale qui va démolir leur projet de vie.

Alors c’est quoi la différence entre l’abuseur et le non abuseur ? Sur le plan sexuel cela semble évident. Ici je ne parlerai pas du choix de certains de vivre indépendamment des liens qui sont les leurs, de passer outre leur engagement : une relation avec un autre adulte, que ce soit dans la prostitution ou dans une relation choisie de couple. Nous savons tous que des personnes en couple, mariées, des prêtres, des religieux ont une double vie.

La différence avec ce dont je vais parler c’est que lorsqu’il y a abus l’autre n’est plus considéré comme un égal, l’autre est trompé sur la proposition qui lui est faite. En ce qui concerne tous les abus :

Soit l’autre est considéré comme quelque chose d’utile ou d’agréable qui va servir à l’abuseur.
Soit à un degré supérieur on a affaire à un pervers qui va trouver son plaisir dans la destruction de l’autre.

 

Mais dans tous les cas avant tout abus il y aura ce que l’on appelle un phénomène d’emprise. Sinon la personne, si elle était capable de se rendre compte de ce qu’il va lui arriver, s’enfuirait à toute vitesse.

Il faut, pour que les choses puissent se passer, que la conscience de la personne soit endormie.
La méthode est quasiment toujours la même, elle pourra prendre trois minutes ou s’étaler sur plusieurs années.

Exemple de trois minutes : Maelline, petite fille de 5 ans est confiée pour la journée avec ses frères et sœurs et d’autres enfants à la garde d’un jeune homme pour permettre à ses parents d’aller tranquillement faire du ski. A 4 heures le jeune homme propose à Maelline de l’aider à préparer le goûter ; Maelline est fière d’être choisie pour aider. Arrivée dans la cuisine le jeune homme admire la jolie robe de Maelline, se baisse pour tâter le tissu et subrepticement glisse sa main dans sa culotte. La vie de Maelline bascule.

Exemple de plusieurs années : Rachel est étudiante en pharmacie mais s’interroge sur les risques d’effets secondaires de certaines molécules. Pour soigner ne va-t-on pas induire des conséquences pires que la maladie elle-même se demande-t-elle ? c’est alors qu’elle reçoit par mail une invitation à un colloque sur des méthodes naturelles qui préservent l’équilibre de chacun. Rachel s’inscrit avec enthousiasme et participe semaines après semaines aux formations proposées : formations qui correspondent complètement à ses attentes, l’ambiance est chaleureuse, dynamique, ouverte. Au bout de deux ans Rachel est repérée par le directeur comme étant un « très bon élément », on lui propose alors d’arrêter ses études pour être davantage en harmonie avec elle-même et donner plus de place « au naturel » ; quelques mois plus tard il lui est suggéré de moins sortir, de moins voir ses amis pour ne pas se « laisser envahir par « la crasse du monde » puis de prendre de la distance avec sa famille pour mieux préserver sa liberté. Rachel s’installe alors sur place « par commodité » et pour faire des économies …. Puis après qu’on lui a dit qu’elle était la meilleure, la désirée, on commence à la mettre de côté, à se moquer d’elle, à lui demander de réaliser des choses qui ne sont pas à sa portée ou au contraire on lui confie des taches humiliantes, on exige d’elle qu’elle cache certaines vérités, on la sollicite pour qu’elle donne ses économies à la « Formation ». Parfois Rachel a eu envie de partir et de reprendre ses études mais elle n’a gardé de contact avec personnes, elle a critiqué les choix de tous ses anciens amis et de sa famille ; et quand elle exprime son désarroi au directeur celui-ci la console, la cajole, la caresse. Rachel souffre, n’arrive plus à organiser ses pensées, elle se sent perdue.

Dans les cas d’abus, on retrouve toujours une accroche de la personne mais une accroche non respectueuse de la vérité ou dit autrement une mise en relation qui ne dit pas son intention que ce soit par la séduction, la sollicitude ou la sollicitation extrême, la flatterie, en tout cas on retrouve presque toujours une mise en lumière de la personne.  La seconde étape correspond à la mise sous dépendance et enfin l’abus proprement dit ; pour un abus sexuel, il suffit d’une seule fois pour détruire, pour les abus psychiques il s’agit d’une alternance de valorisations et dévalorisations.

C’est l’alternance de bientraitances et de maltraitances qui va faire perdre à la personne tous ses repères : repères cognitifs mais aussi repères émotionnels et repères spirituels.

La personne ne sait plus où elle en est, elle n’y comprend plus rien, et au bout d’un moment elle va abdiquer, d’abord un peu et puis complètement puisqu’elle ne peut plus se fier ni à son bon sens, ni à son intelligence, ni à ses sensations, ni à ses émotions.

Ne pouvant plus se fier à elle-même, elle va se fier à l’autre.

L’emprise va donc entraîner une perte, une dépossession de soi-même et un envahissement par l’autre ; c’est pourquoi l’abuseur va pouvoir faire ce qu’il veut de sa proie. C’est le principe du lavage de cerveau. La victime va en venir à anticiper les désirs de l’abuseur.

Un traitement comme cela entraîne une très grande confusion, des maladies physiques et mentales pouvant conduire à des décompensations psychotiques voire des suicides.

II. Mon deuxième chapitre : pourquoi faire tout un plat de ce qui peut paraître insignifiant ?

Il est aujourd’hui reconnu qu’une multitude de petites maltraitances répétées (humiliation, mensonge, moquerie, tromperie, mise en doute de la parole, négation du ressenti de la personne, promesses non tenues, médisance, fausse rumeur, soupçon, infantilisation…) équivalent à un trauma intense genre crash d’avion, catastrophes naturelles, attentats ou viol.

Ainsi sur le plan psychologique c’est soi la confrontation avec le réel de la mort soit la répétition d’actes dégradants qui va faire la catastrophe et conduire à un trauma psychique caractérisé.

Par contre un seul attouchement et à plus forte raison une seule agression sexuelle peut faire basculer une vie dans l’enfer car au niveau du cerveau cognitif il n’y a rien pour les recevoir. Toutes les données qui nous viennent de l’extérieur sont normalement intégrées à partir de ce qui est connu et là il n’y a aucune connaissance antérieure, aucun repère ni émotionnel ni cognitif ni du domaine des sensations ; la capacité d’intégration est alors anéantie par l’évènement même.

III. Le pardon


Lorsqu’une personne arrive, me raconte quelques bribes de son histoire et ajoute « mais j’ai pardonné », je me dis que cela va être très compliqué et en général ça l’est.

En témoigne le récit suivant :

Une jeune fille raconte à ses parents, plusieurs années après les faits, les atteintes sexuelles qu’elle a subies de la part de son grand-père. Les parents très troublés ne savent comment réagir, que faire face à cette révélation. La nuit passant, la mère croit avoir trouvé la solution : il faut aller chez le grand-père, faire le point et lui pardonner ; ainsi la vie pourra reprendre son cours. Aussitôt dit, aussitôt fait et le week-end suivant la petite troupe s’enfourne dans la voiture, roule plusieurs heures ; pendant ce temps la jeune fille se répète en boucle, je vais lui pardonner, lui dire pardon, lui dire pardon, le pardonner… Arrivé chez le grand père, la famille s’attable autour d’un bon chocolat chaud, la mère prend son courage à deux mains pour aborder « délicatement » la raison de leur venue. Le grand père rit à gorge déployée car, dit-il, il s’agissait simplement de gestes tendres vis-à-vis de sa petite fille préférée. Les parents sont tellement heureux d’apprendre que leur fille est la préférée qu’ils rient également de soulagement. Et oubliés la main dans la culotte, le sexe en érection hors du pantalon … ils se tournent alors vers la jeune fille. La jeune fille se sent comme en lévitation, son corps est certainement là à boire du chocolat mais elle sait qu’elle n’est plus dans ce corps, d’ailleurs que faut-il qu’elle dise ? Elle voit 3 paires d’yeux tournés vers elle, ah oui c’est probablement le moment de dire ce qu’elle a répété dans la voiture : je me pardonne, tu te pardonnes, il se pardonne… lequel choisir ? la jeune fille ne sait plus, les murs tournent, des odeurs lui donnent la nausée, elle va s’envoler et pourtant une voix sort de ce corps assis à table et dit : « grand père, je te pardonne ».

Et la vie reprend, les parents et le grand père se remettent à deviser agréablement, on envisage les prochaines vacances. Il se fait tard, il faut repartir. La jeune fille monte dans la voiture, on arrive à la maison, la jeune fille se précipite dans la salle de bains ; elle pense qu’une bonne douche va la ramener sur terre, la nettoyer de toute cette mauvaise histoire, mais les sensations habituelles ne reviennent pas ; la jeune fille se sent de plus en plus sale. Sa mère la gronde, l’eau c’est cher et il faut qu’elle se couche pour être en forme demain pour aller à l’école.  La jeune fille se couche mais cette impression à la fois de glauque, de sale et de son corps qui ne lui appartient plus ne veut pas la quitter. Au milieu de la nuit la jeune fille a une idée, il faut qu’elle se lave de l’intérieur et elle descend tout doucement à la cuisine, ouvre le placard et sort la bouteille d’eau de javel. Sa mère a toujours dit que cela complétait bien les nettoyages. Elle boit. Un immense cri secoue la maison.

J’ai constaté que :

1/ Les victimes souhaitent le plus souvent pardonner et le plus vite possible parce que ces actes, ces paroles, ces comportements se sont passés le plus souvent « dans l’amour », par des personnes qu’elles aimaient, respectaient, admiraient ; et elles n’ont pas envie, mais pas envie du tout que ce qui leur est arrivé leur soit arrivé. « Je voudrais pardonner et ensuite n’en plus parler » me supplient-t-elles. Leur désir le plus profond est de pouvoir oublier cet instant, ce moment ou ces années, selon les situations vécues.

L’abus s’est ainsi le plus souvent passé sans que la violence puisse être reconnue, dans le silence ou le mensonge, et la victime quoique amoindrie voire détruite garde en elle les sentiments qu’elle portait antérieurement à son abuseur. La rupture avec l’abuseur qui aurait été la conséquence normale de l’acte ou des actes et qui serait salvatrice ne peut se faire ni même être conceptualisée par absence de reconnaissance consciente du caractère de l’évènement : bon ou mauvais, agréable ou désagréable, autorisé ou interdit, social ou intime, valorisant ou dégradant …

 

2/ Lorsqu’il y a abus, la victime prend sur elle la honte et la culpabilité de l’agresseur. Ce phénomène a bien été décrit par Ferenczi, un contemporain de Freud : « Le comportement décrit comme résultat de la peur est une soumission totale à la volonté de l’agresseur; le changement provoqué dans la personnalité est “l’introjection du sentiment de culpabilité de l’adulte” »

La personne violentée, enfant ou adulte, va ainsi absorber la honte et la culpabilité de l’agresseur ; honte et culpabilité que l’agresseur ne ressent pas et donc ne traite pas ou plutôt traite en l’injectant dans sa proie. C’est un peu comme si la victime se sacrifiait pour conserver ce qu’il y a d’humain dans la relation.

Alors lorsque la victime se présente envahie de honte et de culpabilité il ne faut surtout pas se laisser prendre au piège, piège de l’inversion des émotions et des sentiments et par voie de conséquence des responsabilités.

Les deux points que nous avons décrits ci-dessus conduisent ipso facto à une minimisation des faits.

Alors comment pardonner quand on ne connaît pas les conséquences de l’acte lui-même ? Qu’est-ce que je pardonne ? Pardonner à son abuseur, à son violeur ne peut se faire qu’après un long parcours, un long chemin au cours duquel la victime réalisera peu à peu l’impact qu’a eu en sa vie cet acte et selon le type d’abus : maladies physiques, troubles alimentaires, difficultés sexuelles, atteintes psychologiques voire psychiatriques, abandon des études, incapacité à gagner sa vie,  …..

La relecture est la voie de la guérison. En faire l’économie et ainsi pardonner sans savoir ce que l’on pardonne ouvre la porte au déni, à la dissociation, à l’aggravation des symptômes, en particulier l’apparition d’automutilations pouvant aller jusqu’au suicide.

Pour les victimes ce qui compte c’est la sortie de la confusion, la réappropriation de leur être, le rétablissement de l’interdit, la sortie de l’amalgame générationnel ou de devoirs ou de fidélité, l’étude très précise des responsabilités et l’application du droit.

Le premier impératif est celui de la vie.

IV.  Comment accueillir le récit des victimes :
 

1/ L’écoute des victimes demande du temps et un temps long, parfois très long.

Une victime doit pouvoir aller jusqu’au bout de ses émotions, de ses sensations, de ses pensées, de son histoire sous peine de voir ce qu’elle a vécu remonter en elle inlassablement, irrémédiablement.

Ne pas aller jusqu’au bout de ce qui fait son récit enferme la victime dans l’impossibilité d’avancer, de franchir les étapes indispensables pour sa survie. Le récit est un tout qui peut ne pas être d’emblée connu mais qui va affleurer à mesure que les mots se disent. Un mot puis un autre et la mémoire se libère, s’autorise à dire, à dire parfois l’innommable, le honteux, le putride, le « ce à quoi on n’arrive pas à croire ». Rompre cet élan de mots et d’émotions, c’est rompre ce lien entre l’enfoui et le réel, c’est prendre le risque de faire barrage et d’enfermer la victime dans la redite inlassable de son histoire tronquée. C’est l’enfermer dans la plainte et l’agressivité, simplement parce que dans sa chair elle sait qu’elle n’a pas été entendue.

Pour avancer dans sa parole la victime doit savoir que son interlocuteur est en capacité de la croire. Elle va procéder par petites touches pour tâter le terrain et ainsi évaluer si elle peut en dire plus. D’où les inévitables questionnements de l’interlocuteur : mais pourquoi ne me l’aviez-vous pas dit la dernière fois ? La réalité est : « parce que je ne savais pas si vous alliez me croire ; alors j’ai dit un peu et ce peu, je l’ai atténué. Et en plus les souvenirs remontent à mesure que je parle. ».

 

2/ L’écoute des victimes demande de se connaitre soi-même, ses forces et ses limites.

L’écoutant doit être en mesure d’entrer dans ce nouveau monde qu’il ne vit pas lui-même, dont il ne connait ni les codes ni le mode d’emploi ; et ce, afin de ne pas faire de projection ni en faire son affaire personnelle.

On peut être amené à accueillir la parole des victimes pour différentes raisons, et à la victime il n’est pas demandé de dire la même chose à un parent, une voisine, un prêtre, une amie, un psychiatre, un policier, un avocat ….

La personne victime doit avoir en face d’elle quelqu’un de bien défini qui va l’aider à se reconstituer, à se positionner, à réinstaller ses limites. Sinon la relation qui s’instaure est d’emblée abusive.

En conclusion, pour entrer dans le monde des victimes d’abus tant physiques, sexuels, que psychiques ou spirituels l’accompagnant ne peut faire l’économie d’une formation en particulier en sciences humaines sur ce sujet si particulier des abus. Cela permettra à celui qui veut accueillir d’éviter un certain nombre d’écueils comme renvoyer la victime au silence de l’abus, dire la parole gâchette renouvelant le trauma, soutenir l’abuseur par des considérations déplacées …

C’est à ce prix de formation et de compétence que l’on pourra inverser le courant de la fabrique de victimes, en évitant :

  • Le renouvellement du traumatisme.
  • La survictimisation : la victime reçoit son identité de son état de victime. Elle n’existe plus autrement qu’en étant victime.
  • La répétition de l’agression, quand l’agressé devient lui-même agresseur.

Ceci permet également par la connaissance et l’expérience de juger de la véracité d’un récit.

Finalement, la victime, qui est-elle ? Je l’ai dit au début il y a chez elle un avant et un après. On ne peut espérer ou lui demander de simplement tourner la page. Contrairement à une histoire ordinaire qui s’écrit page après page on s’aperçoit ici qu’il y a eu fracture : il faut changer de livre. Une première histoire s’est écrite, une deuxième doit commencer, non pas moins belle mais différente, comme le deuxième tome d’une même saga.

Les différentes étapes seront la prise de conscience, pleine et entière, totalement indispensable puis bien plus tard l’acceptation de ce qui s’est passé et de la souffrance résiduelle, puis encore plus tard le deuil de ce qui aurait pu être et enfin peut-être un jour le pardon, si la grâce en est donnée.

Une vie entière a été transformée.