Qu’écoute-t-on ? le chant d’un oiseau, la pluie qui tape à la fenêtre, le vent dans les arbres, une symphonie, la respiration d’un nouveau-né …
Pour écouter il faut faire silence.
Écouter c’est à la fois un état, un espace et un temps.
Mais l’écoute n’est pas la même que l’on soit une voisine, un prêtre, un ami, un psychiatre, un policier, un avocat, un coiffeur ….
Ainsi écouter c’est se positionner en fonction de sa légitimité. Qui suis-je moi pour recevoir cette parole ?
Donc me définir moi-même dans ma propre fonction pour exercer avec plénitude et respect le « ce pourquoi » je suis là.
Écouter c’est tout d’abord faire silence par sa bouche mais aussi dans son cœur. Apaiser le mouvement incessant de ses pensées, de ses inquiétudes pour ouvrir un espace en soi, un espace neuf ou plutôt libre pour accueillir l’autre. Ce n’est pas ouvrir un tiroir bien préparé dans lequel il faut ranger la parole de l’autre mais c’est ouvrir grand les fenêtres de son être pour être prêt à accueillir la nouveauté, la différence, parfois la répétition, voire dans certains cas l’insupportable.
L’écoute spirituelle c’est laisser la place à l’autre et au Tout Autre.
Écouter c’est aussi mettre en route son intelligence et son cœur ; c’est essayer de comprendre de l’intérieur. C’est parfois répéter voire reformuler ce que dit la personne c’est-à-dire dire la même chose mais d’une autre manière pour être sûr de bien comprendre. Cela peut être aussi poser quelques questions pour respecter au mieux le dire de l’autre et permettre de recevoir ce qui est dit dans sa plénitude.
Mais on sait que l’on ne peut pas tout concevoir, appréhender ; aussi accepter de ne pas comprendre. Écouter est une ascèse.
Ce n’est jamais être intrusif. Certains pour avoir été forcés au for interne parlent du viol de l’âme.
Écouter c’est voir et ressentir, voir l’autre dans sa vitalité, dans ses expressions, c’est ressentir son bonheur, sa joie, sa souffrance, sa honte.
C’est faire preuve d’empathie.
Écouter l’autre c’est également s’écouter soi pour prendre conscience voire traiter dans l’instant ses propres émotions et ouvrir à nouveau l’espace libre de son intelligence et de son cœur. C’est continuer à exister sans fusion, sans confusion. C’est rester à sa place.
Écouter ce n’est jamais envahir l’autre, jamais juger d’emblée.
C’est toujours être bienveillant.
Ainsi la bonne écoute crée un cadre protecteur et sécurisant pour la personne écoutée. Je dis parfois on devient alors le berceau de la parole de l’autre.
Nul besoin de toucher ou prendre dans les bras. La relation s’établit simplement, d’elle-même à sa juste place, dans les profondeurs de l’être.
Et c’est dans cet espace créé par l’écoutant que la personne qui se sent respectée dans sa dignité, dans sa plénitude d’enfant de Dieu, va pouvoir évoluer en liberté.
Carl Rogers un psychologue humaniste agnostique en parlant de la personne écoutée dit :
« Quand j’ai été écouté et entendu, je deviens capable de percevoir d’un œil nouveau mon monde intérieur et d’aller de l’avant. Il est étonnant de constater que des sentiments qui étaient parfaitement effrayants deviennent supportables dès que quelqu’un nous écoute. Il est stupéfiant de voir que des problèmes qui paraissent impossibles à résoudre deviennent solubles lorsque quelqu’un nous entend. »
– (Carl Rogers, Le Développement de la personne, InterEdition, 1966)
Dans l’écoute spirituelle, à cette écoute humaine on le voit créatrice d’horizons nouveaux et d’espoir, peut se greffer pour chacun, écoutant et écouté, « le murmure d’une brise légère ».
Isabelle Chartier Siben
