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Schéma du traumatisme psychique

schema du traumatisme psychique

Commentaire du schéma sur le traumatisme psychique

 

En 1920 Freud propose une spéculation psychanalytique concernant la genèse du traumatisme et choisit de décrire le fonctionnement de l’appareil psychique sur le modèle de l’organisme vivant.

Ce modèle sera repris et différemment élaboré par la suite (François Lebigot, Stress et Trauma 2009 ;9(4) :201-204).

Je m’appuie sur ce concept pour en dégager un modèle simplifié.

On imagine l’appareil psychique comme une vaste vésicule vivante (genre ballon de baudruche). Freud nomme le pourtour de ce “ballon psychique”, le pare- excitation. Je l’appellerai enveloppe protectrice.

La figure 1 nous montre qu’un stress extérieur ordinaire va augmenter la résistance de l’enveloppe protectrice.

La figure 2 montre qu’un stress supérieur va entraîner une déformation de cette enveloppe ; et lorsque l’agression cesse, l’enveloppe et son contenu psychique retournent à l’état initial.

La figure 3 illustre les conséquences d’un trauma psychique. Le trauma va faire “effraction” au sein même de l’appareil psychique. L’appareil psychique n’a pas pu s’adapter, n’a pas pu résister. Les défenses psychiques ont été dépassées soit par la violence, soit par l’horreur, soit par “le non représentable”, “le non ellaborable”. Le trauma va franchir l’enveloppe protectrice, pénétrer et se ficher à l’intérieur du psychisme. Cette effraction va également entraîner une perte de matériel psychique.

1/ Ce modèle est particulièrement intéressant car il est confirmé depuis ces dernières années par les avancées des études en neurosciences. Il correspond au circuit hypothalamo-amygdalo-cortical et à la fonction régulatrice de « banques de données » de l’hippocampe.

 

2/ Ce modèle a l’avantage de bien faire comprendre les conséquences à court et à long terme d’un trauma. Le trauma fiché à l’intérieur va désormais exister de manière autonome.

 

Il peut rester silencieux des mois des années, c’est ce que l’on appelle le temps de latence ou il peut s’exprimer de manière caractéristique dès les premières semaines par ce que l’on appelle le syndrome de répétition.

 

Le syndrome de répétition encore appelé intrusion ou reviviscence est pathognomonique :

Les images, les bruits, les odeurs, les émotions, les sensations reviennent à l’état brut déconnecté de la réalité, non intégrés, non travaillés ; la personne est soudain submergée par une image qui appartient au passé et sur laquelle elle n’a aucune prise.

Cela se manifestera sous forme d’hallucinations, d’illusions, de souvenirs forcés (c’est l’idée), de rumination mentale, de reviviscences émotionnelles « comme si », de reviviscences comportementales « comme si » et surtout le cauchemar de répétition.

Tout ceci survient dans une grande détresse, dans un orage neurovégétatif.

 

S’y associent des évitements de tout ce qui peut rappeler de près ou de loin le trauma initial

 

Et s’accompagnent de signes non spécifiques : asthénie, fatigue,
anxiété,
dépression,
troubles psychosomatiques,
troubles des conduites…



 

 

Le trauma peut se réveiller :

De manière spontanée,

Ou en réponse à un stimulus extérieur qui ressemble de près, de loin voire de très loin à l’agression initiale, 

Ou lors d’une baisse du niveau de conscience (d’où la difficulté à l’endormissement)

 

Une fois « rallumé », le trauma retrouve toute sa puissance d’effroi, d’angoisse, de détresse, « d’orage neuro végétatif » …. comme au jour initial .

 

Dans tous les cas, il est là bien présent et a priori se réveillera un jour ou l’autre. Les dernières études (faites sur des soldats revenus du front) confirment qu’un trauma peut évoluer silencieusement durant plusieurs années voire dizaines et exploser lors d’un évènement “gâchette » : retraite, décès d’un proche ….

 

Il est important de savoir que l’on retrouve exactement le même schéma traumatique dans les cas d’attentats, de torture, d’abus sexuels ou de maltraitances à répétition (des agressions, humiliations, manipulations…) ; à chaque fois que les capacités d’intégration sont dépassées et que l’on est, par là même, confronté au néant.

 

Pour devenir souvenir, pour être engrammée, une expérience doit trouver une représentation à l’intérieur du psychisme ; ici le trauma est vécu comme un corps étranger.

 

Ce schéma illustre aussi la dissociation péri traumatique ainsi que l’amnésie traumatique ; amnésie traumatique qui pose de gros problèmes médico judiciaires en particulier dans les suites de traumatisme sexuel et de maltraitance infantiles.

Dans le cas d’un attentat cette amnésie est un général moins problématique car tout le monde sait. L’amnésie est certainement aggravée par la solitude, la non réceptivité du récit traumatique.

(La dissociation traumatique bloque la mise en mémoire verbale, ce qui provoque l’amnésie. En revanche l’encodage de type sensoriel reste intact.)

 

 

La pathogénie est identique entre ces différents traumatismes avec comme facteur aggravant la personnalisation de l’agression. Suite à un attentat on sait qu’environ 25 % des victimes développeront un état de stress post traumatique, le taux est supérieur à 40-45 % pour un viol.

 

 

 L’évolution défavorable sur le long terme est une altération de la personnalité :

 


1/ Blocage de la fonction de filtration :

Soit tout est danger ou menace.
Il n’y a plus de différence entre ce qui est dangereux ou anodin d’où un état d’alerte permanent.

Soit la personne ne ressent plus rien.


Donc exaltation de la réactivité générale ou à l’inverse émoussement affectif.

 

Là aussi les correspondances au niveau du fonctionnement cérébral sont claires.



 

2/ Blocage de la fonction de présence :

Perte d’intérêt par rapport aux loisirs, au travail, sensation d’avenir bouché.
Pertes de mémoire.



 

3/ Blocage de la fonction d’amour.
Moi je parle d’un puits sans fond.
Tout l’amour passe dans l’espoir de sa propre réparation.
L’autre n’est plus considéré comme un être libre à part entière.

 

Et entrainer des évitements majeurs :

1 : les personnes ont peur d’être à nouveau confrontées à l’évènement initial.

2 : mais surtout ont aussi peur de réveiller en elle le trauma.