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Le dernier numéro de la revue Cahiers Évangile offre un antidote à la manipulation abusive des textes bibliques.

• Gilles Donada, 
• le 05/10/2022 à 16:30 

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Lien de l’article sur le site de LA CROIX : Avec la Bible, débusquer les logiques d’abus

Dépouillement des questions posées par les fidèles après la remise du rapport Sauvé, à la maison diocésaine de Bondy, le 22 octobre 2021

Déjouer les logiques abusives, perspectives bibliques à la suite du rapport de la Ciase
Cahiers Évangile n° 201, septembre 2022
Éditions du Cerf, 74 p., 10 €

Il y a un an, le rapport de la Ciase révélait la façon dont les abuseurs ont détourné et dévoyé les Saintes Écritures « au profit de justifications perverses », rappelle le comité de rédaction des Cahiers Évangile. La revue de formation biblique, éditée par le service catholique Évangile et vie, consacre exceptionnellement un dossier à ce sujet en proposant sept analyses, accessibles et approfondies, signées par des biblistes, des philosophes et des théologiens.

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L’objectif est d’équiper le lecteur – en lui révélant les racines du mal – afin de « déjouer les logiques abusives » qui tordent et instrumentalisent le texte biblique.

 

« La stratégie du serpent »

Avant de s’attaquer au corps de leurs victimes, les prédateurs les étourdissent en manipulant la parole, à commencer par celle de Dieu. Le père Paul Agneray et Béatrice Oiry, respectivement bibliste du diocèse d’Arras et de la Catho de Paris, décryptent « la stratégie du serpent » du jardin d’Éden qui engendre « un monde détraqué » où le cœur, la parole et l’action ne sont plus en cohérence, où les rites sont instrumentalisés, où la tromperie rend tout discernement impossible.

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L’histoire du roi David fournit un autre cas d’école « systémique ». Pour couvrir sa responsabilité dans l’adultère avec Bethsabée et le meurtre de son mari, « c’est tout un ensemble de personnes que David entraîne à sa suite dans le silence, le mensonge et la dissimulation », analyse Sophie Ramond, de la Catho de Paris.

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L’enchaînement des événements de la Passion du Christ, scruté par Christophe Pichon, du Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris, plonge progressivement la victime dans le silence. Plus encore, « le mensonge et la fausse accusation aboutissent au corps meurtri. Ils portent atteinte à la parole ainsi qu’au corps de la victime ».

« Abuser et abîmer le corps de l’autre »

Dans sa Première Lettre aux Corinthiens, prolonge Christophe Raimbault, de la Catho de Paris, Paul affirme que notre « corps est le lieu de la relation » à soi, aux autres, au monde, à Dieu. « Abuser et abîmer le corps de l’autre, c’est s’en prendre à son propre corps et, ce faisant, au Christ lui-même. »

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« D’un bout à l’autre, la Bible est un gigantesque exercice de discernement, souligne Philippe Lefebvre, dominicain. Ne pas croire n’importe quoi, ne pas prendre toute parole – y compris religieuse – pour argent comptant. »
Chacune des analyses de ce précieux numéro des Cahiers comporte son versant lumineux : à chaque étape, le lecteur comprend comment Dieu opère : Il « nous sauve, et, dans le même mouvement, révèle la nature et la gravité du péché ».

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