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Les révélations sur les abus sexuels dans l’Église de France n’entraînent pas seulement des conséquences sur le plan de la foi, elles ont aussi un impact psychologique. Quels en sont les effets ? À quoi peut-on s’accrocher ? Réflexions d’Isabelle Chartier-Siben, médecin psychothérapeute, victimologue.

• Recueilli par Gilles Donada, 
• le 04/10/2021 à 11:32 
• Modifié le 07/10/2021 à 17:09

 

Lien de l’article sur le site de LA CROIX : Abus sexuels : un choc psychologique pour les croyants

Le Dr Chartier-Siben est la présidente de C’est-à-dire, une association créée en 2002 pour aider les victimes d’abus physiques, psychiques et spirituels. Elle mène également des actions de prévention, avec d’autres experts.

→ CONTEXTE. Comment l’Église lutte contre les abus sexuels

Quel est l’impact psychologique sur les catholiques des révélations sur les abus sexuels ?

Dr Isabelle Chartier-Siben : Elles produisent un choc et une douleur intenses car elles sont en totale contradiction avec l’engagement chrétien en faveur de la vérité et de la vie. Le croyant est bouleversé, à titre personnel, dans sa foi et, à titre collectif, dans son appartenance à l’Église. « Ce n’est pas possible !» est la première des réactions. Quand les faits sont incompatibles avec nos valeurs et trop douloureux, un mécanisme de protection à court terme s’active : le déni permet de repousser et d’enfouir l’événement.

→ APPROFONDIR. Comment croire dans l’Église après les abus sexuels ?

Dans la tourmente, à quoi peut-on s’accrocher ?

I. C-S. : Tout d’abord à l’éclat de la vérité. Enfin, ces horreurs et ces turpitudes apparaissent au grand jour. Je suis heureuse de voir que ces crimes ne sont plus cachés car je pensais mourir sans que l’Église ait bougé d’un iota. Ensuite, on peut saluer le courage des victimes qui se sont signalées auprès de la CIASE, l’instance indépendante mise en place par les évêques et les religieux pour recueillir les témoignages. Elles ne sont plus seules face à leur traumatisme. Elles sont reconnues et soutenues. Elles vont aussi être aidées concrètement grâce à une procédure d’indemnisation. Enfin, de nouveaux dispositifs vont voir le jour. Ils vont accentuer la prévention par le biais de l’éducation et de la formation des futurs et actuels prêtres, des évêques… Nous souhaitons tous que l’Église devienne une « maison sûre », comme le dit le pape François.

→ COMPRENDRE. Les abus spirituels – Un processus aliénant et pérenne

Au sein de votre association, vous accompagnez des personnes qui ont vécu toutes sortes d’abus dans des communautés chrétiennes. Qu’est-ce qui vous marque ?

I. C-S. : Les faits appartiennent au passé, les conséquences concernent le présent — et je pense à tous ceux et toutes celles qui se sont suicidés ou qui sont morts. J’espère qu’une nouvelle ère s’ouvre — sans tomber dans l’angélisme. Dans mon métier, je suis à la première place pour recueillir le récit des atrocités commises. Et je suis aussi témoin de véritables chemins de résurrection. Mes patients sont vraiment des saints ! Je suis émerveillée de voir des personnes qui ont vécu l’horreur, réussir à s’ouvrir et à se réjouir de la beauté et de la bonté dans le monde, sans amertume, ni jalousie. Je pense, en cet instant, à une personne qui a été gravement abusée et qui a fait plusieurs tentatives de suicide. Elle est tombée amoureuse, elle a retrouvé sa sexualité et des poupons sont annoncés… Les victimes conserveront toujours une souffrance en elles, mais un chemin de vie est possible.

Contacter l’association C’est à dire : cestadireweb.org

→ PRIERE. Organiser un temps de prière et de parole autour du rapport Sauvé
→ NOTRE DOSSIER. L’Église face à la pédophilie et aux abus sexuels.